Carlo Levi est un « exilé intérieur » par le pouvoir fasciste. C’est un médecin qui n’exerce pas, et préfère peindre. De fait, cet auteur est également connu pour ses œuvres picturales dans le style naturaliste néo-classique. Mais sa résidence forcée dans un petit village de la Lucanie – actuelle Basilicate- va l’amener à écrire l’un des textes italiens du XXème siècle réputés parmi les plus beaux.
Les petits « seigneurs locaux » sont le podestat, le chef de la milice locale, le brigadier de gendarmerie, le médecin, le pharmacien, le maître d’école - également secrétaire du fascio -… tous (très) petits bourgeois, relativement aisés, mangeant à leur faim tous les jours.
En revanche, les paysans, eux, survivent péniblement, dans un dénuement extrême, dans ce pays qui est la seule zone désertique de l’Europe, totalement déboisée, dévastée par l’érosion, les maladies et la sécheresse extrême et ils contractent la malaria dès leur plus jeune âge.
Le texte, dépourvu de trame, expose une série de descriptions puissantes. Carlo Levi écrit comme il peint, et dans une langue très belle et accessible, des scènes et des tableaux hautement suggestifs, surprenants, dont on pourrait dire qu’ils sont hallucinants.
Or il s’agit d’une réalité, ouest européenne, à peine vieille de quatre-vingt ans.
Cote : RV/LEV